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sagesse et l’humanité même commandaient d’arrêter promptement ces désordres, par une action énergique[1]. »

L’adresse des deux Chambres fut un écho de la colère royale ; cependant il se trouva dans la Chambre des lords dix-neuf membres pour protester contre la guerre d’Amérique ; protestation énergique que lord Mahon suppose rédigée par Burke, le tuteur de lord Rockingham, comme le nommait Horace Walpole[2]. « On y blâmait la guerre comme étant injuste et impolitique dans son principe, fatale dans ses conséquences ; et on protestait contre un ministère « qui avait déshonoré le Parlement, trompé la nation, perdu les colonies, enveloppé le pays dans une guerre civile contre son intérêt évident, et qui, par les motifs les moins avouables, avait répandu avec légèreté le sang de milliers de concitoyens[3]. » Suivant l’usage, on écouta la passion et non pas la raison.

Une fois assuré de l’appui des Chambres, le ministère proposa d’agir contre les colonies comme contre un ennemi du dehors. Lord Mansfield ne craignit pas de rappeler à la Chambre le discours d’un général suédois, sous le règne de Gustave-Adolphe : « Enfants, vous voyez ces hommes là-bas ; si vous ne les tuez pas, ils vous tueront. » On vota l’enrôlement de 28 000 marins, de 55 000 soldats ; et, parmi ces derniers, on enrôla avec l’agrément du Parlement des mercenaires

  1. Ramsay, Amer. Rev., I, 281.
  2. Lord Mahon, VI, 76.
  3. Ramsay. ibid., 282.