Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résolus à défendre leur liberté[1]. Joseph Warren, le président du Congrès provincial, était tombé dans la bataille. C’était un homme jeune, énergique, éloquent, l’espoir de la patrie, sa mort fut un deuil général ; mais c’est avec le sang des martyrs qu’en politique comme en religion on gagne les batailles.

L’Angleterre avait jeté le gant, les Américains l’avaient relevé ; du reste, on eût dit que le roi et ses ministres voulaient à tout prix précipiter une guerre dont les dépouilles pouvaient couvrir largement les frais, et dont la gloire donnerait à lord North et à son parti un renom qui effacerait celui de Chatham.

En finir avec les colonies, telle était l’ambition du ministère, quand le Parlement fut convoqué le 26 octobre 1775. Le discours du trône contenait les plaintes les plus amères sur cette conspiration désespérée[2], sur ces prétendus représentants des colonies, qui non contents d’empoisonner l’opinion avaient usurpé les pouvoirs du gouvernement et commencé les hostilités. Le roi repoussait avec dédain ces pétitions qui n’avaient d’autre objet que « d’amuser l’opinion par de vagues assurances d’attachement pour la mère patrie, tandis qu’au fond tout se préparait pour une révolte générale… La rébellion menaçait de gagner toutes les colonies, on voulait fonder un empire indépendant ; la

  1. Lord Mahon, t. VI, p. 60 : Are the Americans cowards ? crièrent les Américains au colonel anglais Abercrombie.

    Les Anglais eurent 220 morts et 880 blessés, mais ils gardèrent leurs positions ; les Américains eurent 450 tués ou blessés.

  2. Lord Mahon, VI, 73.