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La guerre pour lui n’a été qu’une crise à traverser ; il ne comprenait et n’aimait que la liberté ; et s’il parlait peu lui-même, il n’avait pas l’horreur de ceux qui parlent ; il estimait les bavards qui défendent les droits d’un pays.

De 1760 à 1773, Washington passa son temps entre son beau domaine de Mont-Vernon et ses fonctions de député ; mais dès que la patrie fut menacée, on le trouva au premier rang. Longtemps il espéra que l’Angleterre aurait le bon sens de s’arrêter devant une rupture, mais du jour où il n’y compta plus, il s’engagea résolument dans le parti de l’indépendance.

Sa nomination le surprit, et dans la seule lettre à sa femme qui soit restée, il lui dit qu’il a fait tout en son pouvoir pour éviter cet honneur, « non-seulement par désir de rester avec elle et avec sa famille, mais par la conviction que c’était là une charge trop lourde pour sa capacité. Mais, ajoute-t-il, puisque c’est une espèce de destin qui m’engage dans ce service, j’espère que mon acceptation doit amener quelque heureux résultat ; je me confie à la Providence, qui jusqu’à présent m’a préservé et protégé. »

Le lendemain de sa nomination, Washington se leva, et de sa place adressa les paroles suivantes au président :

« Je suis vraiment touché de l’honneur qu’on m’a fait, mais j’éprouve une grande inquiétude ; je sens que mes talents et mon expérience militaire peuvent ne pas répondre à l’étendue et à l’importance de la mission qu’on me confie. Cependant, puisque le Congrès le désire, j’accepte ce devoir difficile, je ferai tout mon possible pour le service du Congrès, pour le