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dans cette expédition de la vallée de l’Ohio où Braddock se fit battre par nos Canadiens et se fit tuer par une bravoure inutile. Le major Washington, le seul officier monté qui ne fut pas tué ou blessé, reçut quatre balles dans ses habits et eut deux chevaux tués sous lui. Ce fut grâce à son courage, à sa prudence, à sa connaissance des lieux, qu’il put ramener les restes de Braddock et de son armée, donnant aux Américains cette joie secrète, qu’au milieu même de la défaite des Anglais un milicien d’Amérique s’était conduit en héros.

Ce fut alors que le jeune major (il n’avait que vingt-quatre ans) fut nommé colonel, et commandant de toutes les forces de la Virginie. Dans ce poste sa conduite fut telle qu’elle lui gagna l’affection et le respect de tous les officiers. Ils lui votèrent une adresse qui est une juste appréciation du mérite d’un homme qui à vingt-sept ans avait déjà les qualités d’un vieux soldat[1].

Il se retira du service en 1755, pour épouser une jeune veuve, miss Martha Custis, qui lui apporta tout à la fois le bonheur et une fortune considérable à joindre à une fortune déjà respectable. Elle avait, de son premier mariage, deux enfants qu’adopta Washington ; elle n’en eut pas de la seconde union. Elle survécut à Washington, qui l’aima toujours tendrement ; il eut ce mérite assez rare d’être à la fois un grand homme, un excellent fils et un bon mari.

L’année même de son mariage, Washington se rendit à Williamsburg pour siéger à l’assemblée ; un vote de

  1. Curtis (I, 47) donne cette adresse.