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à M. Penn. Cette adresse protestait de la loyauté américaine et du désir de se réconcilier à des conditions honorables pour toutes les parties.

Il y eut également une adresse au peuple de la Grande-Bretagne, adresse rédigée par Richard H. Lee ; on y prodiguait les expressions les plus tendres. Amis, Concitoyens et Frères, tels étaient les premiers mots de la lettre ; on y rappelait aux Anglais qu’eux aussi avaient défendu la liberté ; on y protestait qu’on ne cherchait pas l’indépendance.

« Avons-nous appelé à notre aide ces puissances étrangères qui sont les rivales de votre grandeur ? Vos troupes étaient peu nombreuses et sans défense, avons-nous pris avantage de ces difficultés pour les chasser de nos villes ? Ne les avons-nous pas laissées se fortifier, recevoir de nouveaux renforts ?

« Laissez à vos ennemis et aux nôtres le triste soin de dire que c’est la peur qui nous a retenus. La vie des Anglais nous est toujours chère. Les Anglais sont fils de nos aïeux ; de mutuels bienfaits, de longues relations ont resserré entre nous les liens de l’amitié. Quand les hostilités ont commencé, quand nous avons été attaqués par un caprice de vos troupes, nous avons repoussé l’attaque et rendu coup pour coup, mais nous avons gémi de ce que nous avons été obligés de faire ; nous n’avons pas appris à nous réjouir d’une victoire sur les Anglais[1]. »

C’était, on le voit, avec autant de fermeté que de dignité qu’on se présentait à l’Angleterre, une pétition d’une main, une épée de l’autre, laissant la métropole choisir entre le droit et la force.

  1. Pitkin, I, 332.