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l’Église anglicane et les privilèges du sol, avait levé en Amérique, et commençait à s’y épanouir.

Ces assemblées de représentants que possédait chaque colonie donnaient encore au moindre citoyen le goût et l’habitude de la liberté. L’impôt était voté et réparti par l’Assemblée ; c’était l’Assemblée qui salariait annuellement le gouverneur, les officiers, les juges. On sentait le prix de ces privilèges ; il n’est pas de colonie qui ne résistât à tous les efforts tentés par l’Angleterre pour rendre l’administration indépendante de l’Assemblée.

Un siècle à l’avance on voit dans cette organisation le premier germe de la révolution. D’une part, les colonies sont convaincues qu’elles sont des Parlements au petit pied, le parlement colonial, et que, par conséquent, le Parlement d’Angleterre n’a aucun droit d’intervenir dans leur gouvernement intérieur. D’autre part, la façon dont elles résistent à tout empiétement de la prérogative royale, montre assez avec quelle jalousie elles enferment la royauté dans ses plus étroites limites, et ne lui laissent que le stérile honneur d’une suprématie nominale. Hormis le commerce et la navigation dont on laisse le règlement à la métropole, pour tout le reste, les colons sont souverains chez eux. Ils repoussent l’ingérence de la royauté, et plus encore celle du Parlement.

Qui donnait aux colonies cette force de résistance ?

À l’origine ce fut leur petitesse et leur peu d’importance ; plus tard, ce fut leur éloignement. Avant l’invention de la vapeur, c’était un long voyage que d’aller