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comme le disait noblement au Congrès Christophe Gadsden, un des délégués de la Caroline du Sud : « Nos maisons ne sont que de la brique, de la pierre et du bois ; si on les détruit, nous les rebâtirons ; mais la liberté, une fois perdue, est perdue à jamais[1]. »

D’un autre côté, c’était la guerre qui éclatait ; c’était la métropole qui commençait le feu. On sortait de cette incertitude qui depuis dix ans pesait sur le pays. Le peuple si longtemps contenu, malgré son impatience, et qui ne comprenait pas ces lenteurs, pouvait enfin agir et non plus parler. C’est l’action qui convient aux hommes.

Aussi, une fois la bataille de Lexington connue, on s’empara presque partout des forts, des magasins, des arsenaux, qui d’après la Constitution étaient remis à la garde des officiers royaux. Le fort de Ticonderoga et celui de Crown-Point, sur le lac Champlain, qui commandait la route du Canada, fut pris au nom du grand lord Jehovah et du Congrès continental par une poignée d’audacieux. L’argent public fut saisi pour les usages de la province ; un emprunt de 100 000 livres voté, et les citoyens déliés de leur obéissance au gouverneur[2].

Enfin le Congrès provincial du Massachusetts vota la levée d’une armée continentale de 30 000 hommes dont 13 600 fournis par la province ; le reste devait être voté par les autres États de la Nouvelle-Angleterre. La levée ne donna pas ce nombre ; mais on eut bientôt une petite armée plus nombreuse que celle des Anglais dans Bos-

  1. Ramsay, Amer. Rev., I, 197.
  2. Pitkin, I, 327.