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pétition s’accorde avec ces préparatifs de guerre qui couvrent nos mers et assombrissent notre pays ? Des flottes, des armées, sont-ce là des choses nécessaires pour une œuvre d’amour et de réconciliation ? Avons-nous refusé de nous réconcilier, pour qu’il soit nécessaire d’appeler la force afin de reconquérir notre amour ? Ne nous abusons pas ; tout cela, ce sont des instruments de guerre et de conquête, le dernier argument des rois.

« … Nous avons fait tout ce qui était possible pour détourner l’orage qui approche. Nous avons fait des pétitions, des remontrances, des supplications ; nous nous sommes prosternés devant le trône, nous avons imploré le roi pour qu’il arrêtât les mains tyranniques du ministère et du Parlement. Nos pétitions, on ne les a pas regardées ; nos remontrances ont amené un redoublement de violences et d’insultes ; nos supplications ont été dédaignées ; on nous a repoussés du pied du trône avec mépris.

« Après cela, il est chimérique de nourrir encore des espérances de paix et de réconciliation. Il n’y a plus de place pour l’espérance. Si nous voulons être libres, si nous voulons sauver ces droits précieux que nous défendons depuis si longtemps, si nous ne voulons pas abandonner bassement la noble lutte dans laquelle nous sommes engagés depuis si longtemps, cette lutte que nous nous sommes promis de soutenir jusqu’à ce que nous ayons obtenu le glorieux prix de la dispute, — il faut combattre, je le répète, il faut combattre. Un appel aux armes et au Dieu des armées est tout ce qui nous reste.

« Nous sommes faibles, dit-on, — incapables de lutter avec un adversaire aussi formidable. — Mais quand serons-nous plus forts ? Sera-ce la semaine prochaine, ou l’an prochain ? Sera-ce quand on nous aura désarmés, et qu’il y aura un soldat anglais établi dans chaque maison ? L’irrésolution, l’inaction nous donneront-elles des forces nouvelles ? Acquerrons-nous des moyens de résistance en restant indolemment couchés sur le dos, occupés à poursuivre de vains fantômes d’espé-