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tendaient rien de bon ; mais les hommes ardents, les patriotes (c’étaient ceux qui voyaient le mieux l’avenir), pensèrent que le moment était venu de s’armer, et de se préparer à la résistance.

Parmi ces hommes, il en était un, le plus éloquent de tous, Patrick Henry, qui saisit la première occasion d’arracher le voile, et de montrer à ses concitoyens qu’il n’y avait plus pour eux qu’un parti à prendre : vaincre ou mourir.

Au mois de mars 1775, la Convention de Virginie se réunit à Richmond, dans la vieille église. Elle avait voté des remercîments au Congrès de 1774, et protesté de son désir de revoir ces beaux jours[1] trop tôt passés, où l’Amérique vivait heureuse et libre sous la protection de la mère patrie, quand Patrick Henry demanda la parole, et proposa : « Que la colonie fût immédiatement mise sur le pied de défense, et qu’à cet effet on nommât un comité, chargé d’enrôler, d’armer et de discipliner un nombre de miliciens suffisant. »

Cette proposition jeta l’alarme parmi les esprits modérés ; ils ne voulaient pas renoncer à l’espoir d’une réconciliation ; les négociants de la Grande-Bretagne avaient témoigné de leur sympathie ; le roi (à en juger par la proposition de lord North) avait reçu la pétition du Congrès, et s’en était ému ; des mesures violentes soulèveraient le peuple anglais contre les planteurs. D’ailleurs pouvait-on résister ? Où étaient les soldats, les armes, les généraux, les magasins, l’argent, nerf de

  1. Halcyon days.