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quent, loin d’être qualifiés pour diriger le grand mouvement de l’empire, ne sont pas même faits pour tourner une roue de la machine.

« Mais pour des hommes d’État, pour ceux qui ont la juste connaissance des choses, ces principes directeurs, ces maîtres principes, qui dans l’opinion du vulgaire n’ont point d’existence réelle, ces principes sont partout, ils sont tout.

« En politique, la magnanimité est souvent la véritable sagesse ; un grand empire et de petits esprits ne vont pas bien ensemble.

« Si nous avions la conscience de notre situation, si nous brûlions du désir de remplir notre rôle comme il convient à notre position et à nous-mêmes, il nous faudrait commencer toutes nos discussions par le vieil avertissement de l’Église : Sursum corda.

« Élevons notre esprit à la hauteur des fonctions auxquelles l’ordre de la Providence nous appelle.

« C’est en considérant la dignité de cette haute vocation que nos ancêtres ont changé le désert en un glorieux empire, qu’ils ont fait les conquêtes les plus grandes et les seules honorables, non point en détruisant, mais en multipliant la richesse, le nombre et le bonheur de la race humaine.

« Conquérons un revenu américain comme nous avons conquis un empire américain. Ce sont les libertés de l’Angleterre qui ont fait l’Amérique ce qu’elle est ; ces libertés seules la feront ce qu’elle doit être.

« C’est avec une foi entière dans cette inaltérable vérité que je pose aujourd’hui la première pierre du temple de la Paix[1]. »

La proposition de Burke fut écartée par la question préalable à la majorité de 270 voix contre 78. Son éloquence n’eut pas plus de succès que celle de Chatham.

  1. Burke, I, 508.