Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre moyen était puéril ; on ne fait pas le procès à trois millions d’hommes, on ne les réduit pas par la force, à la distance et dans la situation où étaient les Américains.

Burke terminait par une péroraison où la politique la plus noble et la plus pure parle le langage le plus élevé :

« L’Amérique peut nous servir, disait-il, et surtout en guerre. Mais pour ce service, comme pour tout autre service de revenu, de commerce, d’impôts, je me confie à l’intérêt que les colonies ont dans notre constitution. Je tiens les colonies par cette affection étroite qui sort d’un même nom, d’un même sang, des mêmes lois, de la même protection. Ce sont là des nœuds aussi légers que l’air, aussi forts que des liens de fer. Laissez les colonies garder toujours cette idée, que leurs droits civils tiennent à votre gouvernement, elles s’attacheront, elles s’accrocheront à vous, il n’est point de force sous le ciel qui soit capable de les arracher de leur obéissance. Mais que les colonies s’aperçoivent un jour que votre gouvernement peut être une chose et leurs droits une autre, le ciment est tombé, la cohésion n’existe plus ; tout marche à la décadence et à la dissolution.

« Aussi longtemps que vous aurez la sagesse de faire du Parlement le sanctuaire de la liberté, le temple sacré de notre foi commune, peu importe la terre où la race choisie, où les fils de l’Angleterre adoreront la liberté ; c’est toujours vers vous qu’ils tourneront les yeux. Plus ils multiplieront, plus vous aurez d’amis ; plus leur amour de la liberté sera ardent, plus leur obéissance sera parfaite.

« La servitude, ils peuvent l’avoir partout ; c’est une plante qui pousse en tout pays. Ils peuvent l’avoir de l’Espagne, ils peuvent l’avoir de la Prusse ; mais jusqu’à ce que vous ayez perdu tout sentiment de votre véritable intérêt, de votre di-