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de rétablir l’ancienne confiance des Colonies dans la métropole, c’est de donner à la nation une satisfaction durable ; c’est, au lieu de régner par la discorde, de réconcilier les deux partis par le même acte, et de les réunir par le lien d’un commun intérêt.

« Voilà mon idée, et rien de plus. La politique raffinée a toujours engendré la confusion ; il en sera ainsi tant que durera le monde. Des intentions franches et loyales aussi aisément découvertes à première vue que la fraude l’est sûrement à la fin, ce n’est point là un faible moyen dans le gouvernement des hommes. La simplicité, la franchise, sont un principe de cohésion et d’union.

« Un plan aussi simple désappointera sans doute plus d’un de ceux qui l’écoutent. Il n’y a rien qui le recommande à l’inquiétude des oreilles curieuses. Rien de nouveau, rien qui séduise. Rien de la splendeur de ce projet qui vous a été présenté par le noble lord au ruban bleu[1]. Il n’y a point là cette magnifique adjudication financière, où des provinces captives viennent à rançon et renchérissent l’une sur l’autre, jusqu’à ce qu’enfin vous déterminiez cette proportion de payement que toutes les puissances de l’algèbre ne sauraient définir. « Mon plan n’a qu’un objet, la conciliation et la paix. »

Après une peinture magnifique de l’esprit de liberté chez les Américains fils de la libre Angleterre[2], Burke faisait une vive critique du projet de lord North ; il montrait tout à la fois l’injustice des prétentions ministérielles et leur impuissance ; il déclarait qu’il n’y avait qu’un seul moyen de pacifier l’Amérique, c’était la justice ; il fallait que le Parlement reconnût le droit qui appartient à tout Anglais de se taxer lui-même. Tout

  1. Lord North.
  2. Voyez ce passage traduit dans l’Histoire des Colonies, p. 460 et suiv.