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les gens habiles, tels que Hutchinson, auraient voulu le retenir ; c’était, disait-on, un homme dangereux et perfide ; cependant on le laissa partir. Il s’embarqua sans espoir de voir jamais revenir le temps heureux et regretté par lui, où un amour maternel et filial unissait l’Angleterre et l’Amérique.

Le 22 mars 1775, Burke, son ami, essaya une dernière fois de parler de conciliation. Burke n’avait ni le génie, ni l’influence de lord Chatham, mais il n’avait peut-être pas moins d’éloquence. Son plan beaucoup plus timide, et moins satisfaisant, déclarait en termes généraux qu’il était bon de rappeler certaines lois récentes, et de laisser aux assemblées coloniales le droit de taxation.

Mais si, pour réussir, Burke laissait dans l’ombre les parties les plus vives du projet de Chatham, son langage n’était pas moins ferme ; il voulait la paix, franche et sincère, il la demandait avec une ardeur patriotique. Ce n’est pas la forte et souveraine parole de Chatham, mais on y sent la grandeur morale ; Burke est un philosophe, Chatham un politique ; Burke a moins vieilli.

« Ma proposition, dit-il, c’est la paix ; non point la paix cherchée au moyen de la guerre, ou poursuivie au travers d’un labyrinthe de négociations embrouillées et sans fin, la paix surgissant de la discorde universelle fomentée tout exprès dans tout l’empire ; ce n’est point davantage une paix qui dépend du jugement de questions difficiles ou de la détermination exacte des limites obscures d’un gouvernement compliqué ; c’est la paix pure et simple, la paix cherchée dans un esprit pacifique, la paix établie sur des principes pacifiques. Ce que je propose, c’est d’écarter la cause de la dispute, c’est