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Son dictionnaire lui avait donné une grande célébrité, ses définitions avaient manqué de lui valoir plus d’un procès ; entre autres définitions, on a retenu celle du mot Pension : Solde donnée à un bravo politique pour trahir son pays.

À l’âge de soixante-six ans, il accepta cette position d’écrivain et de bravo ministériel ; et il publia un pamphlet intitulé : Taxation no Tyranny, qui charma tous les ennemis de l’Amérique, car il était violent, insolent ; et, en pareil cas, la foule prend la brutalité pour du talent. Johnson avait pris ce ton de cynisme qui est odieux quand on est le plus fort.

« Les gens de Boston, disait-il, nous menacent de quitter leur ville opulente et de s’exiler dans les déserts ? — Tant mieux, ces héros laisseront la place à des hommes plus sages qu’eux. — Ils se plaignent qu’on veut les transporter au delà des mers pour les juger. — Qu’ils se tiennent tranquilles. — On les a condamnés sans les entendre ? — À quoi bon des procédures ? Ce qu’on a vu suffit. »

« Si l’obstination continue sans hostilité, ajoutait-il, on pourra peut-être la mollifier, en installant des soldats chez les habitants, en leur interdisant, bien entendu, les sévices et les injures. On pourrait aussi mettre les esclaves en liberté ; c’est là un acte que ces amants de la liberté ne peuvent qu’approuver. Donnez aux nègres des fusils pour leur défense, des ustensiles pour leur ménage et une forme de gouvernement des plus simples, ils seront plus reconnaissants et plus honnêtes que leurs maîtres. »