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retour, s’applaudit de cette belle majorité ; suivant lui, rien n’était mieux calculé pour amener les Américains à se soumettre[1]. Erreur commune des politiques à courte vue ; réduire un peuple au désespoir, c’est le moyen sûr de le précipiter dans la guerre civile, Spoliatis arma supersunt. C’est ce que sentait Chatham. Sans s’inquiéter de son échec, il suivit sa pensée et tenta un nouvel effort pour empêcher la guerre civile, « Que la volonté de Dieu soit faite, disait-il, et que l’ancien et le nouveau monde nous jugent. »

Ce fut à Franklin qu’il s’adressa ; ce fut à lui qu’il soumit son projet de réconciliation : « Je veux régler mon jugement sur le vôtre, disait-il, comme on règle une montre sur un régulateur[2]. »

S’adresser à l’homme capable, à celui qui possède la question, c’est le cachet des grands politiques ; ils cherchent des maîtres, eux qui n’en ont pas besoin ; les autres cherchent des flatteurs et des valets. Ce sont des aveugles à qui il faut des aveugles pour les conduire.

Le 1er février 1775, Chatham présenta son projet de vraie réconciliation et d’accord national. C’étaient les propositions du Congrès de Philadelphie que Chatham acceptait en substance. Le Parlement révoquait les statuts dont l’Amérique se plaignait, et renonçait au droit de taxation ; de son côté, l’Amérique devait reconnaître à l’Angleterre le droit de régler le commerce de tout l’empire. En outre, et par un don volontaire, les assemblées devaient fournir aux dépenses du gouvernement.

  1. Bancroft, Amer. Rev., IV, 203.
  2. Lord Mahon, VI, 26.