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Ce Credo peut se résumer ainsi :

Dieu a fait tous les hommes originairement égaux ; il leur a donné le droit de vivre, d’être propriétaires, et autant de liberté qu’il est possible d’en avoir sans empiéter sur les droits d’autrui. Tout gouvernement n’est qu’un établissement politique, un contrat tacite entre gens naturellement égaux, établissement fait pour servir au bonheur de toute la communauté, et non pas à l’agrandissement d’un seul homme ou de quelques privilégiés[1]. On en revient ainsi à la définition d’Aristote, et ce n’est pas le seul exemple de ce fait curieux que la liberté politique a certains principes, certaines conditions essentielles, qui, par le fond des choses, rapprochent la société moderne des démocraties de la Grèce et de Rome.

C’est dans ces sentiments qu’on élevait la jeunesse américaine ; le genre de vie qu’elle menait ajoutait encore aux premières impressions.

Dans un pays immense où la terre était sans valeur, chacun était propriétaire, ou pouvait le devenir aisément. C’était, avec la condition d’avocat et la navigation, le seul état possible, puisque la jalousie de l’Angleterre gênait tout grand commerce et toute industrie.

Tandis qu’en Angleterre le sol était entre les mains de l’Église ou de familles puissantes, et que le fermier se trouvait dépendant par la force des choses, en Amérique le nom de farmer désignait et désigne encore le propriétaire du sol, le planteur. Dans le Sud, le farmer

  1. Ramsay, I, p. 31.