Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Fox et de Burke, l’opposition ne réunit que 73 voix ; elle n’avait pour elle ni le nombre ni l’opinion.

L’adresse votée, les affaires importantes furent, suivant l’usage, ajournées après les fêtes de Noël.

Lorsque les papiers américains furent soumis aux Chambres, Chatham sortit de sa retraite et de son silence. Son patriotisme, sa haine de la France, son amour de la liberté lui faisaient voir bien au delà de misérables querelles de vanité ; il voulait la paix et l’union avec l’Amérique ; et il voulait la paix, de la seule façon vraiment possible et féconde, en effaçant le passé, en agissant franchement, loyalement, en ne craignant pas que l’Angleterre avouât ses torts. Ce n’est pas que lord Chatham fût aveugle sur ce qui s’était passé au Massachusetts ; il y avait là des germes de révolution qui lui paraissaient coupables ; mais quand onze provinces se joignaient au Massachusetts, il voyait là un avertissement qu’il ne fallait point laisser perdre. L’heure de la raison avait sonné : on ne met pas en accusation un peuple entier.

Le 20 janvier 1775, Chatham parut à la Chambre des lords. Sans rien préciser, il avait annoncé seulement qu’il parlerait sur les affaires d’Amérique. Le banc était encombré d’Américains ; au premier rang était Franklin, placé là par Chatham, qui aimait à voir auprès de lui l’homme qui connaissait le mieux l’Amérique.

Chatham demanda qu’on fît une adresse au roi pour prier Sa Majesté de rappeler le plus tôt possible les troupes de Boston, afin d’ouvrir la voie à l’apaisement des animosités en Amérique.