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bénéfice de l’Amérique. Cette irritation et d’autres raisons plus grossières, mais non pas moins fortes[1], assurèrent à lord North et à sa politique une triomphante majorité.

Le nouveau Parlement se réunit le 29 novembre 1774. Dans la Chambre des lords, ce fut lord Hillsborough qui, en réponse aux menaces contenues dans le discours du trône, proposa l’adresse pour y exprimer toute l’horreur que les lords ressentaient pour les principes séditieux du Massachusetts. Il ne craignit pas de dire (c’était une allusion à Franklin et à Quincy) qu’il y avait en ce moment des gens qui se promenaient dans les rues de Londres, et qui devraient être à Newgate ou à Tyburn. Après une assez vive discussion l’adresse fut votée par une majorité considérable. Il y eut 13 voix d’opposition ; Rockingham, Shelburne, Cambden, Stanhope et cinq autres pairs protestèrent par écrit « contre une témérité inconsidérée qui pouvait précipiter le pays dans une guerre civile. » Je ne doute pas que, dans les journaux du temps, on n’en fît des séditieux. À la même époque, Garnier, agent français, écrivait à M. de Vergennes : « Le discours du roi achèvera d’aliéner les colonies. Chaque jour rend la conciliation plus difficile., chaque jour la rendra plus nécessaire[2]. » C’était voir les choses en homme d’État.

Dans la Chambre des communes, malgré l’éloquence

  1. Si l’Amérique, disait Franklin, voulait économiser durant trois ou quatre ans l’argent qu’elle emploie en modes, en luxe, en nouveautés venues d’Angleterre, elle pourrait acheter le Parlement, le ministère et le reste. Bancroft, Amer. Rev., IV, 175.
  2. Bancroft, Amer. Rev., IV, 178.