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pour ses amis et ses enfants ; quand, au lieu de soutenir la liberté, elle se fait l’avocat de la servitude et de l’oppression, on a raison de soupçonner que cette nation a cessé d’être vertueuse, ou qu’elle est singulièrement négligente dans le choix de ceux qui la gouvernent.

« Dans tous les siècles, au milieu de conflits sans nombre, parmi des guerres longues et sanglantes soutenues au dedans et au dehors contre les attaques de puissants ennemis, contre la trahison d’amis dangereux, les Anglais, vos grands et glorieux ancêtres, ont maintenu leur indépendance. Ils vous ont transmis, à vous, leur postérité, les droits de l’homme et les bienfaits de la liberté.

« Nous sommes fils des mêmes aïeux ; nos pères ont eu leur part de ces droits, de ces libertés, de cette Constitution dont vous êtes si justement fiers ; ils nous ont soigneusement transmis ce noble héritage, garanti par la foi du serment, par des contrats solennels avec la royauté ; ne vous étonnez donc pas si nous refusons de rendre notre part d’héritage à des hommes qui ne fondent leurs prétentions sur aucun titre raisonnable, et qui ne les poursuivent que dans un seul dessein. Ils veulent avoir en leur puissance notre vie, notre propriété, pour pouvoir plus facilement vous asservir.

« … Sachez donc que nous nous regardons comme devant être aussi libres que nos concitoyens de la Grande-Bretagne ; nous le sommes, et nous avons droit de l’être. Nul pouvoir sur la terre n’aie droit de nous prendre notre propriété[1] sans notre consentement.

« … Les propriétaires de terres dans la Grande-Bretagne ne sont-ils pas maîtres et seigneurs de leur propriété ? Peut-on la leur prendre sans leur aveu ? L’abandonneront-ils à la disposition arbitraire d’un homme quel qu’il soit, ou d’aucun nombre d’hommes ? Vous savez qu’ils ne le feront pas.

  1. Property, dans la langue constitutionnelle de l’Angleterre, a un sens plus étendu que notre mot propriété. Il désigne tout ce qui appartient à l’homme, sa vie, ses droits, ses biens.