Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mis, vous serez inévitablement réduits à choisir entre une soumission définitive, infâme, ruineuse, et un conflit plus dangereux que celui d’aujourd’hui.

« Dans cette crise malheureuse, mettez donc tout votre zèle, toute votre énergie à soutenir les mesures pacifiques prises pour votre salut ; mais n’oubliez pas (notre devoir nous force à le dire) que les plans formés contre les Colonies ont été suivis de telle sorte, qu’il est prudent de prévoir des circonstances douloureuses et d’être prêt à tout événement[1]. »

Entre toutes ces adresses, la plus remarquable, celle qui a gardé le plus de célébrité est l’adresse au peuple de la Grande-Bretagne.

L’auteur en était John Jay, député de l’État de New-York. C’était un jeune avocat, descendant d’une famille française de la Rochelle, qui avait fui devant la révocation de l’Édit de Nantes : Jay devait jouer plus tard un rôle important, comme défenseur de la Constitution fédérale avec Madison et Hamilton, et comme le principal diplomate employé par Washington.

Cette adresse, écrite avec une clarté, une ironie toute française, une âpreté toute saxonne, mériterait d’être traduite en entier. En voici du moins le commencement et la fin.

« Amis et Concitoyens,

« Quand une nation qui a été conduite à la grandeur par la main de la liberté, et qui est en possession de toute la gloire que peuvent donner l’héroïsme, la munificence et l’humanité, descend à la tâche ingrate de forger des chaînes

  1. Pitkin, I, 299.