Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On voit que sous les formes d’humilité, habituelles aux pétitions, et qui sont de style en Angleterre, Dickinson parlait néanmoins avec autant de fermeté que d’éloquence.

L’adresse aux Américains était l’œuvre de Richard Henry Lee, de Virginie ; elle est d’un ton sévère qui convient à la gravité des circonstances.

Après le long récit de tous les actes du Parlement qui ont violé l’indépendance coloniale et qui menacent de la détruire, l’adresse explique et justifie la modération du Congrès, en faisant appel à la loyauté, c’est-à-dire à la fidélité dont les colonies ont fait preuve au milieu de leurs souffrances, à la tendre affection qu’elles portent au peuple d’où sont sortis leurs ancêtres. Elle déclare qu’en choisissant un moyen d’opposition qui laisse au peuple anglais le temps de la réflexion, elle a voulu retarder un mouvement dont la rapidité est alarmante[1], et associer le peuple tout entier à une résistance qui sera d’autant plus efficace qu’elle sera l’œuvre de la commune vertu et du commun patriotisme.

« C’est de vous que dépendent maintenant et votre salut et celui de votre postérité… En regard des souffrances momentanées que vous causera une suspension de commerce, pesez les misères sans fin que vous et vos enfants aurez à endurer une fois que le pouvoir arbitraire sera établi. N’oubliez pas l’honneur de votre pays ; c’est votre conduite qui, dans l’estime de l’univers, fera ou la honte ou la gloire de l’Amérique. Si la résistance pacifique que nous vous recommandons ne tient pas, comme le prédisent insolemment vos cruels enne-

  1. Pitkin, I, 298.