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quand nos âmes gardent à la liberté l’amour le plus fort, quand nous voyons clairement la misère qui se prépare pour nous et pour notre postérité : voilà ce qui trouble nos cœurs. Cette émotion, nous ne pouvons l’exprimer, mais nous ne voulons pas la cacher. Avec nos sentiments et nos idées, comme hommes et comme sujets, le silence serait déloyauté. En vous donnant un avis fidèle, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour seconder le grand objet de vos royales inquiétudes, la tranquillité de votre gouvernement, le bien-être de votre peuple.

« … Nous ne demandons que paix, liberté, sécurité. Nous ne désirons point une diminution de la prérogative royale, nous ne sollicitons pas de nouveaux droits en notre faveur. Avec autant de soin que de zèle, nous tâcherons toujours de maintenir votre royale autorité sur nous et notre liaison avec la Grande-Bretagne.

« … Nous attestons Celui qui sonde les cœurs que nul autre motif n’influence notre conduite que la crainte de la destruction qui nous menace.

« Gracieux Souverain, au nom de votre peuple d’Amérique, permettez-nous de vous implorer : pour l’honneur du Dieu tout-puissant, dont nos ennemie attaquent la pure religion ; pour votre gloire, qui ne peut grandir qu’en rendant vos sujets heureux et unis ; pour l’intérêt de votre famille, qui dépend de son attachement aux principes qui lui ont valu un trône ; pour le salut et le bien-être de vos royaumes, menacés de dangers et de malheurs inévitables,

« Que Votre Majesté, père d’un peuple qui habite des pays divers, mais que réunissent les mêmes lois, la même loyauté, la même foi, le même sang, que Votre Majesté ne laisse pas briser ces liens sacrés pour atteindre un résultat douteux, et qui, s’il était obtenu, ne vaudrait jamais le prix qu’il aurait coûté[1]. »

  1. Pitkin, I, 295.