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vait les traiter comme des publicains, et ne plus communiquer avec eux[1].

Les adresses au roi, aux colonies, à la province de Québec, au peuple anglais, sont des monuments célèbres en Amérique, de véritables titres de liberté.

L’adresse au roi avait d’abord été rédigée par Patrick Henry ; l’éloquent paresseux était un de ces hommes qui savent parler, mais qui ne savent pas écrire. Le Congrès, peu satisfait de ce projet, chargea Dickinson de faire une autre adresse, qui fut universellement adoptée. C’est l’œuvre d’un homme qui croit en la bonté de la nature humaine, et qui jusqu’au dernier moment espère le triomphe de la raison.

« Si Dieu nous avait fait naître sur une terre d’esclavage, l’ignorance et l’habitude auraient émoussé en nous le sentiment de notre condition. Mais, grâce à son adorable bonté, nous avons reçu la liberté en héritage, et nous avons toujours joui de notre droit sous les auspices de vos royaux ancêtres, dont la famille a été établie sur le trône anglais afin de sauver une pieuse et brave nation du papisme et du despotisme d’un tyran superstitieux et inexorable. Nous sommes sûrs que Votre Majesté se réjouit que son titre à la Couronne soit fondé sur le titre de son peuple à la liberté ; aussi nous ne doutons pas que Votre Royale Sagesse n’approuve la sensibilité qui nous pousse à garder les bénédictions que nous avons reçues de la divine Providence, afin de maintenir le contrat qui a élevé l’illustre maison de Brunswick à la dignité impériale qu’elle possède aujourd’hui.

« La crainte d’être dégradés et de tomber du rang élevé d’hommes libres et d’Anglais dans un état de servitude, et cela

  1. Pitkin, I, 289.