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sions anglaises et à n’y rien exporter. Ils déclaraient en même temps, et par un article spécial, qu’ils n’importeraient point d’esclaves, et qu’ils n’achèteraient point d’esclaves importés. C’était alors un de leurs grands griefs contre l’Angleterre ; ils lui reprochaient de leur avoir imposé l’esclavage, comme si dans une vue prophétique ils découvraient les misères de l’avenir.

L’acte de non-importation, cet acte qui suspendait toute vie commerciale entre les deux pays, avait une clause remarquable, et qui révèle chez les Américains une délicatesse des plus rares. Arrêter toutes relations commerciales, c’était un moyen que Washington et ses amis croyaient infaillible pour réduire l’Angleterre ; mais l’Amérique était débitrice de la Grande-Bretagne : suspendre l’exportation, c’était lui faire banqueroute. Aussi, malgré l’intérêt évident des colonies, on décida que l’importation cesserait au 1er décembre 1774[1] ; mais on permit l’exportation jusqu’au 10 septembre 1775 ; c’était donner un délai d’un an aux colons pour se liquider, et cela dans des conditions défavorables. Il y a là un exemple de probité et de bonne foi qui mérite de passer à la postérité.

En même temps on s’engagea à encourager la frugalité, l’économie, l’industrie intérieure. Des comités furent établis en chaque ville pour surveiller l’exécution de la mesure. Le châtiment, c’était l’insertion dans les gazettes du nom de ceux qui, en favorisant le luxe, se déclaraient ennemis de l’Amérique ; et en ce cas on de-

  1. La Caroline du Sud fit stipuler l’exportation du riz. Déjà perce l’égoïsme qui a toujours tristement distingué cet État.