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déposition faite devant le Parlement par le général Carleton, qui avait été leur gouverneur, se félicitaient de n’avoir pas l’ennui des libertés anglaises[1].

Il y a un proverbe turc qui dit : On méprise toujours ce qu’on ne connaît pas. Les Canadiens en ont appelé. Tout Français de cœur qu’ils sont, et quoique de race centraliste, à ce que disent de grands théoriciens, ils tiennent aujourd’hui aux libertés anglaises, et ils en usent tout autant que les Saxons.

Revenons à l’Amérique. Après cette ferme déclaration, les députés au Congrès ne voulaient pas fermer la porte à un accommodement. Suivant leurs propres paroles, ils comptaient « que leurs concitoyens d’Angleterre voudraient rétablir les colonies dans cette situation qui avait donné aux deux pays bonheur et grandeur. »

C’est pourquoi, afin de laisser à l’Angleterre le temps de la réflexion, et pour la prendre aussi par son côté sensible, l’intérêt, les députés s’engageaient eux et leurs constituants, ce par les liens sacrés de la vertu, de l’honneur, et du patriotisme, » à ne rien importer des posses-

  1. Question. — Les Canadiens désapprouvent-ils le jury en matière civile ?

    Carleton. — Beaucoup. Ils m’ont souvent dit qu’il était extraordinaire que des gentlemen anglais trouvassent plus de sûreté pour leurs propriétés dans la décision de tailleurs, de cordonniers, mêlés à des gens de boutique, que dans la main de juges de profession.

    Lord North. — Ont-ils exprimé le désir d’avoir une assemblée ?

    Carleton. — Tout au contraire. Dans nos conversations, ils m’ont toujours répété qu’en voyant les disputes perpétuelles de la Couronne et des assemblées dans les autres colonies, ils aimaient mieux ne pas avoir d’assemblées. — Lord Mahon, VI, 18.