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À notre point de vue, cette assemblée qui, par simple mandat des citoyens, se met à gouverner le pays, nous paraît une assemblée révolutionnaire et séditieuse ; mais dans un pays immense comme l’Amérique, et de plus habitué à la liberté, on n’en jugeait pas ainsi. Le Congrès se déclarait le gardien des droits et des libertés des colonies ; rien de plus[1]. Chatham devait faire bientôt le pompeux éloge du Congrès, et le général Gage, loin de s’irriter de la lettre du Congrès, protestait que les troupes n’avaient donné et ne donneraient aucun sujet de plainte ; il finissait en disant : « Je désire ardemment que les ennemis communs des deux pays puissent voir, à leur désappointement, que ces disputes entre la mère patrie et les colonies ont fini comme les querelles d’amoureux, en augmentant l’affection qu’elles se doivent porter mutuellement. »

Le Congrès n’entendait point agir, il n’en avait pas reçu le mandat ; il ne comptait pas davantage rendre des lois, il n’avait pas le pouvoir législatif. Ce n’était pas une autorité révolutionnaire, c’était, si je puis me servir de ce mot, une assemblée consultante, une réunion de tous les avocats de l’Amérique, chargés d’exposer à l’Angleterre et à l’Europe les droits et les griefs des colonies.

Une déclaration de droits, une association de non-importation, des adresses au roi, au peuple anglais, aux colonies américaines et aux habitants de la province de Québec, voilà ce qui sortit de ce Congrès de 1774 ; ce

  1. Curtis, I, 19.