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Chaque membre s’obligea sur l’honneur à garder le secret sur les délibérations, jusqu’à ce que le Congrès en ordonnât la publication. On ne devait publier que les résolutions.

Deux raisons, également bonnes, engageaient le Congrès à prendre cette mesure. Dans l’état d’excitation où étaient les esprits, les discussions du Congrès n’auraient fait qu’enflammer les passions, et c’était le calme qu’on voulait obtenir. Ensuite, il y avait deux partis dans le Congrès comme dans le pays ; les âmes ardentes, comme Samuel Adams et Patrick Henry, qui poussaient à la rupture et à la guerre ; les gens timides et prudents, comme Dickinson, décidés à obtenir réparation, mais non moins décidés à maintenir leur dépendance de l’Angleterre, si on reconnaissait leurs libertés et leurs droits. C’était l’opinion très-arrêtée de Washington, et suivant lui, cette opinion était celle du Congrès et du peuple du Massachusetts[1].

Quoique les discussions du Congrès aient été secrètes, et qu’il n’en soit resté que des procès-verbaux insignifiants, on sait cependant, par un mot de Patrick Henry, que Washington y fit reconnaître, dès le premier jour, la supériorité de son caractère et la solidité de son esprit, « Si vous parlez d’éloquence, disait Patrick Henry à un ami, M. Rutledge, de la Caroline du Sud, est de beaucoup le plus grand orateur ; mais si vous parlez de la solidité du jugement et de la profonde connaissance des choses, le colonel Washington est in-

  1. Sparks, Vie de Washington (trad. franc.), I, 159.