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évêques de cour, la doctrine de non-résistance et d’obéissance passive. Les colons s’avouaient soumis aux puissances, mais dans les limites de la loi et du contrat[1].

L’éducation encourageait ces idées. Ce serait une illusion de croire, parce que les colonies n’avaient rien du luxe de la civilisation européenne, qu’elles étaient en arrière pour l’éducation. Tout au contraire, il y a eu, dès le premier jour, des écoles et des universités en Amérique. Les artistes de génie, les poëtes y ont manqué ; il faut une saison favorable pour que cette fleur de la civilisation s’épanouisse ; les colons n’en étaient pas encore là, mais ils se tenaient au courant de la science européenne, ou plutôt anglaise, et l’on n’était guère moins instruit à Cambridge de Massachusetts, qu’à Cambridge d’Angleterre ou à Oxford.

Il y avait surtout une branche d’études qui était singulièrement cultivée : c’était le droit. Comme les Anglais, comme les Normands leurs ancêtres, et surtout comme tous les peuples libres, les Américains avaient le respect de la loi et, tranchons le mot, le goût des procès.

En France, quand on touche à ses droits, le peuple se résigne et chansonne ses maîtres. En Angleterre, on plaide avec une ténacité qui finit par conquérir l’opinion et lasser le pouvoir. Ainsi en était-il dans les colonies ; les légistes y tenaient le premier rang.

Chez nos pères, les légistes ont laissé une mauvaise réputation ; la royauté, qui a senti toute la force de la

  1. Ramsay, p. 29.