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conseil, en publiant une proclamation plus digne d’un pacha turc que d’un général anglais, où il qualifie de trahison toute association ayant pour but d’affecter le commerce de la Grande-Bretagne ; cette conduite, dis-je, n’est-elle pas un témoignage sans exemple du plus despotique système de tyrannie qui ait jamais été mis en pratique sous un gouvernement libre ? En un mot, pour nous convaincre des projets ministériels, quel besoin est-il d’autres preuves que les actes mêmes du ministère, actes qui tendent tous au même but, c’est-à-dire, si je ne me trompe, à établir le droit de nous taxer ? Que pouvons-nous espérer de nos réclamations, lorsqu’on nous dit que le moment est arrivé, ou jamais, de décider la question ? Ferons-nous entendre nos plaintes après cela, et demanderons-nous justice lorsque nous l’avons déjà fait en vain ? Est-ce qu’à la vue d’une pareille conduite nous nous bornerons à nous lamenter, et à supplier humblement les ministres de nous accorder justice, après qu’on nous l’a déniée si souvent ? Ou bien resterons-nous les bras croisés, tandis que nos provinces sont immolées l’une après l’autre à un aveugle despotisme ?

« Si je voyais quelque raison en faveur du droit que s’arroge le Parlement de la Grande-Bretagne, de nous soumettre à la taxe sans notre aveu, je croirais très-volontiers avec vous que c’est à la voie de la pétition, et à la voie de pétition seulement, qu’il conviendrait d’avoir recours pour obtenir le redressement de nos griefs, parce qu’alors nous demanderions une faveur au lieu de réclamer un droit qui, dans mon opinion, nous appartient incontestablement, et par la loi naturelle, et par notre Constitution. Ce serait même, selon moi, un crime que de faire un pas de plus, si l’on avait une telle idée ; mais je ne l’ai point. Je pense que le Parlement de la Grande-Bretagne n’a pas plus le droit de mettre ses mains dans ma poche, sans mon aveu, que je n’ai le droit de mettre les miennes dans la vôtre. Et comme il a déjà repoussé les représentations respectueuses