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une impitoyable sévérité. Ce désert, ce sol sauvage et sans culture, nos pères l’ont acquis par leur travail et conquis par leur sang ; c’est à nous qu’ils ont laissé cet héritage, qui leur a coûté si cher ; ils nous ont légué l’obligation sacrée de le transmettre à nos descendants, sans souillure et sans entraves. De notre courage et de notre sagesse dépend le destin du Nouveau-Monde et de ces millions d’hommes qui ne sont pas encore nés.

« Si un continent immense, si un peuple de plusieurs millions d’hommes se soumet lâchement à vivre suivant l’arbitraire de ministres capricieux, il accepte honteusement une servitude volontaire ; les générations futures chargeront sa mémoire d’une perpétuelle malédiction[1]. »

Après ce préambule, l’assemblée déclarait que le bill de lord North « n’était que l’effort d’une administration criminelle pour asservir l’Amérique, » et qu’on n’y devait pas obéir.

« Que les conseillers qui accepteraient leurs titres de la couronne et non du peuple ; que les juges qui accepteraient une semblable nomination, étaient des magistrats inconstitutionnels, » auxquels on ne devait pas obéir.

L’assemblée allait plus loin, elle déclarait vouloir rester sur la défensive aussi longtemps que cette conduite ne mettrait en danger ni la liberté ni la vie des citoyens, mais pas plus longtemps. On recommandait aux milices de s’organiser, de s’exercer une fois au moins par semaine, et de choisir des officiers capables : c’était une réponse aux bravades de lord Sandwich.

C’était là du reste l’état des esprits dans toute la province. La ville de Salem, à qui l’on donnait les privilé-

  1. Pitkin, I, 279.