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setts, les âmes puritaines étaient trop ardentes pour accepter, même provisoirement, un régime nouveau, qui leur enlevait toutes leurs vieilles libertés. Le bill du gouverneur du Massachusetts interdisait les libres réunions, et le gouverneur déclarait que, si ces réunions ne se dissipaient pas à la voix du sheriff, il viendrait lui-même avec des soldats pour soutenir le magistrat[1] ; mais, malgré ces menaces, on se réunissait. Ces townmeetings, ces assemblées communales, c’était le vrai gouvernement de la colonie depuis son origine. C’était là qu’on se réunissait comme hommes, comme citoyens, comme chrétiens, pour régler tous les intérêts. C’est là qu’on élisait les officiers, qu’on faisait ses doléances, qu’on réglait l’éducation, qu’on discutait les salaires du clergé, les affaires de religion. C’est là, il est vrai, qu’était le foyer de la résistance, parce que là était la vie. Renoncer à ces assemblées, pour un Américain, c’était abdiquer.

Dans ces réunions, on prenait les résolutions les plus hardies, et on les faisait imprimer.

Un des plus célèbres de ces meetings est celui qui se tint à Milton, dans le comté de Suffolk, le 7 septembre 1774 ; les résolutions avaient été rédigées par Joseph Warren, qui devait bientôt tomber à Bunker-Hill, premier martyr de l’indépendance.

« Ce n’est pas, disait-il, la justice qui nous menace, c’est la force ; ce n’est pas la sagesse, c’est la vengeance. C’est la Grande-Bretagne qui, autrefois, persécuta, tortura, chassa nos pères, et qui maintenant poursuit leurs enfants innocents avec

  1. Pitkin, I, 279.