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là une singulière illusion. Tout au contraire, on avait affaire à de petites Églises indépendantes qui s’administraient elles-mêmes, ne souffraient aucune intervention dans leurs doctrines ou dans leurs pratiques : véritables foyers de liberté civile, véritables écoles de gouvernement républicain.

Au Sud, c’était la religion anglicane qui dominait ; mais, en passant la mer, on avait laissé à l’ancien monde le gouvernement ecclésiastique et la hiérarchie. On avait emporté la liturgie, le common prayer, mais on n’avait pas d’évêques, et on n’en voulait pas avoir. Il n’y eut en effet d’évêques en Amérique qu’après la séparation, quand tout danger de domination avait disparu.

En Amérique, on ne connaissait donc point le système qui fait de la religion un engin de gouvernement. Cette politique qui relie le plus humble vicaire au métropolitain, et les met tous deux dans la main de l’État, n’a jamais été reçue dans les colonies. Chaque Église était formée de la congrégation des fidèles ; son autorité finissait aux murs du temple ; il ne lui était possible ni de dominer, ni de servir ; elle n’était ni la maîtresse, ni l’esclave du pouvoir.

Ainsi, quoique, au dix-huitième siècle, il y eût en Amérique une foule de sectes, toutes étaient obligées de se tolérer mutuellement ; il n’y avait qu’une exception et fort triste pour le catholicisme.

Et, par une conséquence naturelle, toutes ces Églises, indépendantes en religion, étaient républicaines en politique ; elles repoussaient les théories inventées par des