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sitait pas. On déclarait que si les Américains résistaient, il fallait tout brûler et tout détruire. Mieux valait tout ruiner que de favoriser la révolte impie d’enfants ingrats.

Un quatrième bill, présenté par lord North, légalisait les logements militaires dans la ville de Boston. Un cinquième bill réglait le gouvernement de Québec.

L’Angleterre, jusque-là fort indifférente, sinon même hostile aux Français catholiques du Canada, s’apercevait enfin que pour les peuples conquis la religion est une seconde patrie. C’est sur les Canadiens français et catholiques que les ministres anglais s’appuyaient pour comprimer les colons anglais et protestants. Le Canada, il faut le dire, gagnait beaucoup à cette générosité peu désintéressée. Le bien sortait du mal. Ce peuple anglais, qui ne voulait pas reconnaître l’existence des catholiques en Irlande, établissait sur les bords du Saint-Laurent le libre exercice de la religion de l’Église de Rome et confirmait le clergé de cette Église dans ses droits et privilèges.

Jusque-là tout était louable ; mais, sous le nom de Canada, le bill comprenait tous les territoires disputés à la France, c’est-à-dire l’Ouest tout entier, entre l’Ohio, les grands lacs et le Mississipi. On enserrait les treize colonies entre un gouvernement soumis tout entier à l’arbitraire ministériel (on avait eu soin de garder les lois françaises), sans habeas corpus, sans part au vote de l’impôt, sans aucune de ces libertés qui font la gloire de l’Angleterre.