Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ricain ne frapperait jamais les hommes qui étaient à la tête du pays. On prévoyait aussi une lutte avec les soldats, et l’on voulait éviter qu’un jury américain ne punît les agresseurs. Un troisième bill, recommandé par le roi, décida que tout officier de revenu, tout magistrat, tout soldat accusé de crime capital serait jugé soit en Massachusetts, soit en Nouvelle-Ecosse, soit en Grande-Bretagne. C’était un bill d’indemnité pour tout excès commis contre les citoyens.

C’est à propos de ce bill que le colonel Barré fit un de ses plus beaux discours, un discours qu’en plus d’un pays on peut encore méditer aujourd’hui.

« Messieurs, j’ai été élevé pour être soldat, j’ai servi longtemps ; je respecte la profession, je suis lié d’amitié étroite avec un grand nombre d’officiers ; mais il n’y a pas de country gentleman qui regarde l’armée d’un œil plus jaloux, ou qui résiste plus énergiquement à l’idée de la mettre au dessus du contrôle de la puissance civile. Ne vous fiez à personne dans cette situation. Ce n’est pas la faute du soldat : c’est la faute de l’humaine nature. Quand la loi ne la bride pas, elle devient insolente et licencieuse ; elle viole capricieusement la paix de la société et foule aux pieds les droits du genre humain.

« … En me faisant l’avocat de l’Amérique, je sais que je suis le plus solide ami de mon pays. Nous vivons du commerce de l’Amérique. Aliénez vos colonies, et vous renverserez les fondements de votre richesse et de votre puissance. Le jour où les drapeaux seront déployés en Amérique, vous êtes un peuple perdu.

« Et cependant, c’est à cette extrémité désespérée que vous vous jetez. Et vous vous y jetez avec tant de violence, par des moyens qui vont si directement à cette issue fatale, qu’il sem-