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quel que soit le nombre de ceux qui nous accompagnent, quels que soient ceux qui se rient de notre voyage.

« Je le déclare en toute sincérité et solennellement, j’ai toujours adhéré à la politique de 1766, parce qu’elle est le véritable intérêt de l’Angleterre, et qu’en limitant dans son exercice l’autorité du Parlement, elle lui donne une base solide, durable, inébranlable. Jusqu’à ce que vous reveniez à ce système, il n’y aura point de paix pour l’Angleterre[1]. »

Ému par les paroles de Burke, lord Dowdeswell s’écria : « Faisons justice avant qu’il soit trop tard. » Il était trop tard. Tout ce que put obtenir l’éloquence de Burke, ce fut une minorité de 49 voix, le même chiffre qui s’était opposé au bill du timbre.

On en était au règne de la force. Obliger Boston à demander grâce à deux genoux, et terrifier l’Amérique par cet exemple, c’était toute la politique du ministre. Le général Gage, commandant en chef de toutes les forces militaires d’Amérique, fut nommé gouverneur civil du Massachusetts, et envoyé avec quatre régiments pour fermer le port de Boston.

Dans les instructions qu’on lui donnait, on le chargeait de prendre les mesures nécessaires pour arrêter les chefs du mouvement et les faire punir. C’est surtout à Samuel Adams, l’âme de la résistance, qu’on en voulait. On ne se trompait pas ; sans son énergie et sa résolution, peut-être n’eût-on pas été jusqu’au bout. Il avait prévu la séparation ; il savait ce qu’il voulait.

Si l’on voulait s’emparer militairement des chefs de parti et violer la loi, c’est qu’on sentait qu’un jury amé-

  1. Burke, I, 437.