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faire des distinctions de droit, ni leur tracer des limites. Je n’entre pas dans ces distinctions métaphysiques, j’en hais jusqu’au nom. Laissez les Américains comme ils étaient naguère ; toutes ces distinctions, nées de nos malheureuses querelles, mourront avec elles. Les Américains et nous, nos pères et leurs pères, ont été heureux sous cet ancien système. Effaçons à jamais, effaçons des deux côtés le souvenir des actes malheureux qui ont troublé nos vieux usages. Contentez-vous de lier les Américains par vos lois de commerce ; vous l’avez toujours fait : que ce soit là votre raison pour continuer à le faire. Ne les chargez pas d’impôts ; vous ne l’avez jamais fait : que ce soit là votre raison pour ne point le faire. Voilà les arguments des États et des royaumes. Laissez le reste aux écoles ; c’est là seulement que de pareilles discussions sont sans danger.

« Mais si au lieu d’être sages et modérés, vous empoisonnez la source même du gouvernement ; si de la nature illimitée et inimitable de la souveraineté, vous tirez, à force de subtilités, des conséquences odieuses à ceux que vous gouvernez, vous leur apprendrez à mettre en question cette souveraineté même. Quand il est poussé à bout, le sanglier se retourne contre le chasseur. Si votre souveraineté et leur liberté ne peuvent se concilier, que choisiront-ils ? Ils vous jetteront votre souveraineté à la face. Y a-t-il au monde un homme qui se laisse réduire en servitude par un argument ?

« Que nos adversaires réunissent tout leur talent, qu’ils parlent, qu’ils me disent ce qui reste de liberté aux Américains, et ce qui leur manque de servitude, si vous pouvez lier leur propriété et leur industrie par toutes les restrictions commerciales qu’il vous plaira d’imaginer, et si en même temps vous en faites des bêtes de somme, chargées de tous les impôts qu’il vous plaira de leur imposer, sans les consulter ? Ils portent le fardeau d’un monopole illimité ; y ajouterez-vous le fardeau d’impôts illimités ? Les Anglais d’Amérique sentiront bien que ceci est de l’esclavage. — Que cet es-