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parler politique ? Qu’ils s’occupent de leurs boutiques, au lieu de se regarder comme les ministres de leur pays. Qu’on réduise leurs villes à des corporations particulières comme ici. Qu’on règle leurs grands et leurs petits jurys. Qu’on rende la Constitution d’Amérique aussi semblable que possible à la nôtre. Faites de leur Conseil quelque chose comme notre Chambre des lords. Réformez leurs Assemblées. Il n’y a là-bas ni gouvernement, ni gouverneurs ; tout est mené par une foule tumultueuse et querelleuse, qui ferait mieux de s’occuper de ses affaires que de se mêler de politique et de gouvernement, où elle ne comprend rien. On nous dit : « Ne brisez pas leur Charte ; ne leur ôtez pas des droits donnés autrefois par la Couronne. » Je n’ai qu’une réponse à faire à ceux qui veulent conserver des Chartes pareilles : je ne leur souhaite rien de pis que de gouverner de pareils sujets. Soyons des hommes, et à force de persévérance nous en finirons avec l’anarchie et la confusion, nous rétablirons la paix, la sécurité et l’obéissance[1]. »

Lord North remercia le jeune lord, qu’il appela un grand esprit ; il ne lui devait pas moins. Le bill rédigé par Wedderburn, l’adversaire de Franklin, et par Thurlow, déclara que désormais le Conseil, au lieu d’être élu par le peuple, serait nommé par la couronne, comme en plusieurs autres colonies. C’était enlever au peuple le contrôle du pouvoir exécutif et charger l’autorité de se contrôler elle-même, ce qui ne la gêne jamais. Les town-meetings ne devaient plus avoir lieu que pour le choix des officiers municipaux, à moins de permission expresse du gouverneur. Les jurés étaient nommés sur une liste dressée par le sheriff[2]. Enfin les juges et même

  1. Bancroft, Amer. Rev., III, 572.
  2. Bancroft, ibid., III, 581.