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C’était la politique prenant la place de la justice. Telle était aussi l’opinion de Chatham, qui s’en ouvrait à lord Shelburne. Telle était celle de Washington[1]. Le mot d’indemnité fut prononcé dans la Chambre des communes. Franklin, fort effrayé, avait pris sur lui, comme agent des colonies, d’offrir un remboursement immédiat. Lord North répondit en disant que ce qu’on voulait du peuple de Boston, ce n’était pas indemnité, mais obéissance. Et à côté de lui, des gens moins sympathiques criaient « Delenda est Carthago. Jamais vous ne retrouverez d’obéissance que vous n’ayez détruit ce nid de sauterelles[2]. »

La loi fut donc votée par les deux chambres, le roi riant avec ses ministres de la faiblesse et de la futilité de l’opposition.

Quelques jours plus tard, le 28 mars 1774, lord North demanda aux communes la permission de présenter un bill pour régler le gouvernement du Massachusetts. Régler la liberté, en langue ministérielle, c’est la confisquer. Lord North fut chaudement soutenu par lord Germaine, un de ces hommes trop communs dans les Assemblées, qui veulent la liberté pour eux, mais non pour les autres, et qui sont convaincus qu’il n’y a qu’une forme de gouvernement raisonnable, celle qui leur convient.

« Mettez un terme à leurs meetings communaux, dit-il ; qu’est-ce que c’est que ces marchands qui se réunissent pour

  1. Lord Mahon, VI, 5.
  2. Bancroft, Amer. Rev., III, 567.