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du Massachusetts. Ce blocus singulier était d’ailleurs regardé comme un châtiment passager. Le bill réservait à Sa Majesté le droit de rouvrir le port de Boston, quand l’ordre et la paix y seraient rétablis et quand on aurait payé une juste indemnité à la Compagnie des Indes, pour les thés qu’on lui avait détruits.

En présentant cette mesure violente, lord North ne sortit ni de sa placidité, ni de sa langueur ordinaires ; il se contenta d’alléguer des précédents. « On dira que les innocents souffriront autant que les coupables, mais quand les autorités d’une ville sont restées inactives et endormies, rien n’est plus ordinaire que d’imposer une amende à la ville, pour la punir de sa négligence. À Londres, sous le règne de Charles II, quand le docteur Lamb fut tué par des inconnus, la cité fut mise à l’amende. Dans l’affaire du capitaine Porteous, à Edimbourg, toute la ville fut mise à l’amende. À Glasgow, quand la maison de Campbell fut détruite, on séquestra une partie des revenus de la ville pour payer le dommage[1]. »

Le bill rencontra peu de résistance ; cependant, sans parler de la sévérité de la punition, il contenait une injustice. Suivant les règles de la loi anglaise, qui regarde les villes comme des personnes morales, libres et responsables, et suivant les lois de l’équité, il fallait demander réparation à la ville de Boston, et n’agir qu’à son refus. « Ici, disait Quincy[2], c’est tout un peuple accusé, jugé, condamné à la ruine, sans être entendu. »

  1. Lord Mahon, VI, 3.
  2. Pitkin, I, 270.