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tique avant que l’entrée ne fût faite ; le gouverneur donna l’ordre d’empêcher la sortie d’aucun navire sans permission de l’autorité civile. Cependant, durant plusieurs nuits, le peuple de Boston veillait sur les quais pour s’opposer à tout débarquement.

Dans cette situation tendue, qui dura vingt jours, les chefs populaires prirent la résolution hardie de détruire le thé sur les vaisseaux même. C’était risquer leurs biens et leur vie ; ils ne l’ignoraient pas ; mais l’opinion était avec eux, et ils commençaient à ne point reculer devant l’idée d’une révolution.

Le 16 décembre 1773, un des capitaines de vaisseau fut envoyé au gouverneur, à sa demeure de Milton, pour lui demander ses passe-ports.

L’heure était solennelle, le refus probable ; aussi, tandis que le peuple, assemblé à cette occasion dans la vieille église d’Old-South[1], attendait la réponse, Josiah Quincy, s’adressant à la réunion, lui dit :

« Ce n’est pas l’esprit qui nous anime en ce moment qui nous sauvera. Ce que nous allons faire aujourd’hui va déchaîner des événements qui rendront nécessaire un tout autre esprit pour nous sauver. Voyez la fin. Supposer que des cris et des hosannahs termineront les épreuves de ce jour, c’est un rêve d’enfant. Ne vous méprenez pas sur la valeur et l’importance du prix pour lequel nous allons combattre ; ne vous trompez pas sur la puissance de ceux qui sont conjurés contre vous ; ne vous aveuglez pas sur la haine et la soif de vengeance qui animent tous nos ennemis publics et privés, au delà des mers et jusque dans notre sein ; nous ne finirons pas cette querelle sans la lutte la plus vive et la plus rude. Ce ne sont

  1. Bancroft, Amer. Rev., III, 538.