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À Philadelphie, on répandit des affiches à la main qui défendaient aux pilotes de la Delaware de faire entrer dans le port des navires qui apportaient aux Américains le poison de l’esclavage. À New-York, on affichait que ce n’était pas du thé qu’on apportait aux colons, mais des fers forgés pour eux en Angleterre[1]. L’opposition était si vive que les consignataires effrayés refusèrent d’accepter la cargaison ; les navires retournèrent en Angleterre, sans même entrer en douane.

À Charleston, le thé fut débarqué ; mais on ne permit pas aux consignataires d’en prendre livraison. Les collecteurs le saisirent et en poursuivirent l’adjudication, personne ne se présenta. Le thé pourrit dans les magasins.

À Boston, les patriotes qui étaient à la tête du mouvement avaient promis à leurs amis de Philadelphie et de New-York qu’ils empêcheraient le débarquement du thé ; mais l’œuvre était plus difficile qu’ils ne croyaient. Trois navires arrivèrent à Boston. Les consignataires étaient les amis du gouvernement ; soutenus par lui, ils n’entendaient pas céder.

On tint des meetings, on passa des résolutions pour défendre de décharger les navires. On ordonna aux capitaines des vaisseaux de demander la libre pratique afin de retourner en Angleterre sans entrer en douane ; toutes demandes illégales et qui sentaient la révolution.

Les capitaines, effrayés, se résignèrent à partir. Le collecteur des douanes refusa de donner la libre pra-

  1. Lord Mahon, VI, 1.