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les prix de telle façon, qu’en payant la taxe le planteur aurait le thé à si bon marché que la contrebande même en serait atteinte.

La loi passa, non-seulement sans opposition, mais sans réflexions ; il semblait que la Compagnie des Indes fût seule intéressée en cette affaire. On ne supposait pas que l’Amérique poussât le puritanisme jusqu’à refuser d’acheter son thé bon marché.

La compagnie avait hâte de profiter de son nouveau privilège ; dans le cours de l’été 1773, elle fréta un certain nombre de navires, à destination de différentes colonies, et établit en chaque port des consignataires ou agents pour vendre ses thés. Charleston, Philadelphie, New-York et Boston étaient les marchés principaux.

La mesure prise par le gouvernement anglais déplut singulièrement aux Américains ; on reprit les accusations de tyrannie ; on annonça que, si on se résignait à payer le droit sur le thé, on verrait défiler à la suite l’impôt des fenêtres, des cheminées, l’impôt sur les terres, et le reste[1] ; il y eut des émeutes même avant l’arrivée des vaisseaux ; mais que faire ? C’était là ce qui embarrassait les partisans des libertés américaines ; ils sentaient que, si on laissait débarquer le thé, le droit serait payé par le cosignataire ; comment ensuite empêcher la vente et la consommation de la marchandise ?

On adopta l’idée suggérée dans une lettre du comité de correspondance du Massachusetts. On résolut de s’opposer au débarquement.

  1. Pitkin, I, 263.