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la bière en moins d’une semaine ; voici plus d’un mois écoulé, Pandolphe se promène et me brave.

« Fell (l’apothicaire). C’est vrai ; cependant j’ai fait de mon mieux. À diverses reprises j’ai donné à ce mécréant plus de poison qu’il n’en faudrait pour tuer un éléphant. Il a avalé dose après dose, et loin d’en être atteint, il semble qu’il ne s’en porte que mieux. Il a une constitution et une force extraordinaire. Je crois qu’on ne peut le tuer qu’en lui coupant la gorge, et ce n’est pas mon affaire.

« Rodrigue. Ce sera la mienne. »

Le procès de Franklin nous a fait avancer jusqu’à l’année 1774 ; revenons sur nos pas, au mois de mai de l’année 1773, année mémorable, car c’est alors que fut prise, et sans grande réflexion, la mesure qui rendit tout à fait ennemies l’Amérique du Nord et l’Angleterre.

Les affaires de la Compagnie des Indes étaient fort embarrassées ; l’Amérique, en refusant d’acheter le thé de la Compagnie, lui faisait perdre une vente de plus de dix millions par an. Les actions perdaient 50 p. 100 ; le gouvernement, de son côté, perdait par an 400 000 livres sterling de droits. Lord North proposa d’accorder à la Compagnie un drawback sur tous les thés qu’elle exporterait « dans les colonies britanniques ou les plantations américaines. » On l’autorisait en même temps à exporter directement de ses propres magasins et pour son propre compte[1]. Resterait simplement la taxe coloniale de trois pences par livre, établie par l’acte du Parlement de 1767 ; mais le drawback permettait de réduire

  1. Lord Mahon, V, 32.