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destinée de ceux qui défendent les droits de la vérité et de la justice. Ce que les hommes pardonnent le moins, c’est qu’on leur porte sous les yeux la lumière qui doit les sauver.

Ce n’était pas assez pour le gouvernement d’avoir repoussé la pétition ; on voulut frapper Franklin dans sa personne. Il était maître des postes pour toute l’Amérique, c’est lui qui avait créé ce service, qui rapportait à la métropole plus de 3 000 livres sterling par an ; on lui fit savoir que le roi n’avait plus besoin de son ministère ; et, suivant l’usage, on l’insulta dans les journaux.

À ces attaques, Franklin fit la réponse suivante : elle prouve qu’il avait bientôt repris toute sa sérénité :

« Monsieur,

« Votre correspondant, qui signe Britannicus, déclame violemment contre le docteur Franklin, et lui reproche son ingratitude envers le ministère d’une nation qui lui a conféré tant de faveurs. On l’a fait maître général des postes en Amérique, son fils est gouverneur, et on lui a offert une place de 500 livres sterling dans la régie des sels, s’il voulait abandonner les intérêts de son pays ; mais il a eu la méchanceté de rester fidèle à sa patrie, et il est plus Américain que jamais. Comme dans le gouvernement d’Angleterre, c’est un point établi que chaque homme a son prix, il est clair que les ministres sont des maladroits qui n’ont pas fait assez pour ce personnage. Leur maître a tout autant raison de leur en vouloir que Rodrigue dans la comédie, quand il reproche à l’apothicaire de ne pas avoir empoisonné Pandolphe ; et il est probable qu’ils peuvent se justifier par les raisons mêmes que donne l’apothicaire.

« Rodrigue. Tu m’as promis de mettre ce Pandolphe dans