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La décision du conseil n’était pas douteuse ; à l’exception de lord North, qui eut une tenue convenable, les lords du conseil applaudirent à chacun des traits d’esprit de l’avocat général ; aussi n’hésitèrent-ils pas à déclarer :

« Que la pétition était fondée sur des allégations fausses ou erronées, qu’elle était mal fondée, injurieuse, scandaleuse et séditieuse. Qu’au contraire, dans les pièces produites, comme dans l’opinion du conseil, rien n’attaquait l’honneur, l’intégrité, ni la conduite du gouverneur et du lieutenant gouverneur ; qu’en conséquence la pétition devait être rejetée. »

Ce qui fut fait par décision du roi du 7 février 1774.

Dénier la justice aux planteurs et les insulter quand ils la demandaient, c’était une des règles qu’avait données Franklin pour amener les grands empires à n’être plus que des petits États. La sagesse royale d’Angleterre n’eut garde d’y manquer.

Durant la philippique de Wedderburn, Franklin resta froid et impassible. Il ne perdit pas contenance un instant, mais en sortant il serra silencieusement la main du docteur Priestley, et le lendemain il lui dit « que jamais il n’avait mieux senti le pouvoir d’une bonne conscience. Car, s’il n’avait pas considéré comme une des meilleures actions de sa vie celle qui lui avait valu de telles insultes, il n’aurait jamais pu supporter un pareil outrage[1]. » Être injurié par des intrigants et voir les sots applaudir à ces violences, ce fut toujours la

  1. Parton, Life of Franklin, I, 594.