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Le roi renvoya l’affaire au conseil privé. Franklin fut cité comme un coupable devant le conseil. Il n’y eut pas moins de trente-cinq membres qui y assistèrent ; Londres tout entier s’intéressa à cet événement, plus peut-être à cause du scandale qu’à cause des graves intérêts qui y étaient engagés.

L’affaire fut jugée le 29 janvier 1774 ; M. John Dunning (plus tard lord Ashburton) et M. John Lee défendirent la pétition et Franklin ; ils citèrent entre autres pièces une lettre d’Olivier qui conseillait « de saisir et d’enlever les incendiaires dont les écrits soufflaient le feu de la sédition dans la Gazette de Boston[1]. » C’étaient Samuel Adams, Cooper, Mayhew, Warren, Quincy, qu’on désignait sous ce nom. Dans cette singulière affaire, c’étaient les plaignants qui étaient les insulteurs. Les lettres d’Hutchinson étaient pleines de mépris pour les fils de la liberté.

M. Wedderburn (plus tard lord Longhborough), solicitor général, prit la parole pour le gouverneur et pour le lieutenant gouverneur.

Son discours fut d’une amertume, d’une violence extrême contre Franklin. « Il est impossible, dit-il, que cet homme ait eu ces lettres autrement que par fraude ou par corruption, à moins qu’il ne les ait volées lui-même au voleur. » C’était une injure ; il est permis de croire que ce n’était pas un raisonnement.

« J’espère, Milords, ajouta-t-il, que, pour l’honneur du pays, de l’Europe et de l’humanité, vous marquerez cet homme d’un

  1. Franklin’s Works, 218.