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ces lettres, dont d’autres copies, dit-on, circulaient déjà dans la colonie.

En outre, l’assemblée, à la majorité de cent une voix contre cinq, décida que ces lettres, injurieuses pour la province et les personnes y désignées, n’avaient d’autre objet que de renverser la charte et d’établir le pouvoir arbitraire.

L’assemblée vota, en outre, une pétition au roi pour lui demander la révocation d’Hutchinson et d’Olivier. La pétition accusait les deux gouverneurs d’avoir aliéné l’affection de Sa Majesté pour la province, d’avoir détruit la bonne harmonie entre les deux pays, d’avoir empêché les pétitions de parvenir au roi ; enfin d’avoir été cause qu’on avait introduit dans la province des flottes et des armées[1].

Cette pétition adressée à Franklin, et remise par lord Darmouth au roi, causa un grand scandale en Angleterre. Le frère de Th. Whately accusa un ami de Franklin, M. John Temple, qui avait été commissaire des douanes à Boston, d’avoir soustrait ces lettres. Il en résulta un duel, où W. Whately fut blessé. Pour justifier M. Temple, Franklin se vit obligé de déclarer que c’était lui qui avait envoyé ces lettres à Boston, et qu’il avait cru remplir un devoir.

Hutchinson était le vrai coupable ; ce ne fut pas à lui qu’on s’en prit, mais à la colonie qu’il avait dénoncée, et surtout à Franklin. C’est lui qu’on voulait punir. Il avait porté la lumière dans les ténèbres, c’était un crime d’État,

  1. Voyez cette pétition, Franklin’s Works, 216.