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anciens titres et de leurs droits incontestables, les Communes eussent dit qu’elles désiraient tenir leurs privilèges de la grâce et de la concession de leur souverain ».

Parole de pédant couronné, qui nous donne la date d’une querelle qui, pendant soixante-dix ans, occupa la plume, la langue et l’épée des hommes les plus énergiques de l’Angleterre.

Les rois avaient-ils reçu du ciel le droit divin de gouverner leurs peuples comme un troupeau ; les peuples, au contraire, avaient-ils le droit de penser, de prier, de parler et d’agir sans l’aveu d’un maître, en se conformant aux lois qu’ils faisaient eux-mêmes, c’est là toute l’histoire de la Révolution d’Angleterre, pour qui s’élève au-dessus des passions particulières, et cherche à dégager des événements les idées qui les ont amenés.

Il est remarquable que ces soixante-dix ans de révolution et de contre-révolution coïncident avec la colonisation de l’Amérique. Les émigrants appartenaient, pour la plus grande part, à cette classe moyenne qui était la plus hostile à la prérogative royale. Dans les déserts du nouveau monde, ils apportaient avec eux les idées anglaises, les principes anglais, les droits et les privilèges anglais, et, grâce à leur éloignement, ils en usaient.

En Angleterre, après une révolution, le meurtre d’un roi, une république et une contre-révolution, la liberté triompha avec le prince d’Orange, et en 1689 (date célèbre qui devait reparaître un siècle plus tard), c’était un dogme établi, un principe qui depuis lors n’a plus