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qu’on ne vous en adresse une autre qui serait déraisonnable. Pour vos renseignements sur l’état des colonies, n’écoutez que les gouverneurs et les officiers ennemis des plantations. Encouragez et récompensez ces dépositions intéressées, cachez ces accusations menteuses pour qu’on ne les réfute pas, mais agissez comme si ces mensonges étaient la vérité même, et n’écoutez jamais les amis du peuple. Supposez toujours que les plaintes populaires sont l’invention et l’œuvre d’une poignée de démagogues, et que si vous pouviez attraper et pendre ces factieux, tout serait tranquille. Attrapez-en quelques-uns et pendez-les. Le sang des martyrs fera des miracles pour amener ce que vous désirez.

« XVII. Et si vous voyez des nations rivales qui se réjouissent à l’aspect de vos discordes, et qui essaient de les envenimer ; si, publiquement, elles applaudissent aux plaintes de vos colonies, tandis que tout bas elles vous poussent à des mesures plus sévères, ne vous inquiétez pas ! Pourquoi vous inquiéter, puisque, vos ennemis et vous, vous voulez la même chose.

« XVIII-XX. C’est ainsi que vous serez bientôt délivrés de l’ennui de gouverner ces colonies lointaines ; et toute la fatigue que vous donne leur commerce et leur union vous sera épargnée dès lors et à tout jamais. »

Il était difficile de parler avec plus de sens et plus d’esprit ; mais le public aime peu qu’on lui dise la vérité tout entière ; la vérité inquiète l’ignorance et le préjugé, elle blesse l’égoïsme et la passion ; en ce point les ministres sont du peuple, et Franklin ne leur était rien moins qu’agréable. Leur jalousie eut bientôt occasion de se satisfaire ; cette occasion, ils ne la laissèrent pas échapper.

M. Thomas Whately, secrétaire privé de M. Grenville, et plus tard sous-secrétaire d’État, était mort dans