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ne peut manquer de produire les plus heureuses conséquences.

« X. Il est possible que quelques planteurs se consolent néanmoins, en se disant : « Si nous n’avons point de propriété, au moins nous laisse-t-on quelque chose qui a un grand prix, la liberté individuelle et la liberté de conscience. Nous avons l’habeas corpus et le jury ; personne ne peut nous ôter notre Église et nous forcer à devenir papistes ou mahométans. »

« En ce cas, abolissez le jury, transportez les suspects dans la métropole, établissez des juridictions arbitraires ; agissez de même en fait de religion ; soumettez les colons à une juridiction ecclésiastique, n’oubliez rien pour les convaincre qu’ils sont dans la main d’un pouvoir comme celui dont parle l’Écriture, pouvoir qui non-seulement peut tuer leurs corps, mais damner leurs âmes pour toute l’éternité, en les forçant d’adorer le diable si ce pouvoir le juge à propos.

« XI. Pour rendre vos taxes plus odieuses, faites-les percevoir par un corps d’officiers envoyés de la mère patrie, et largement payés aux frais des administrés.

« XII. Employez ces taxes à payer le gouverneur et les juges, afin de les tenir dans votre main et de les rendre au besoin indépendants et ennemis de la colonie.

« XIV. Fatiguez les assemblées coloniales par des dissolutions perpétuelles[1].

« XV. Transformez vos braves marins en agents de douanes.

« XVI. Si l’on vous parle de mécontentement dans les colonies, n’admettez jamais que ce mécontentement soit général, ni que vous puissiez en être cause ; aussi n’y appliquez jamais de remède ; ne révoquez jamais une mesure qui blesse les planteurs. Ne leur faites pas justice sur un point, ce serait les engager à demander la réparation d’une autre injustice. N’accordez jamais une demande juste et raisonnable, de crainte

  1. J’abrège pour ne pas fatiguer le lecteur.